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Suppression de la carte de séjour

Un acte de réconciliation et de paix

Importante que cette décision prise par le Président de la République Laurent Gbagbo qui a annoncé la suppression de la carte de séjour des étrangers sur le sol ivoirien, à l'occasion d'une grande manifestation le 28 octobre dernier au stade municipal de Yopougon. "Je vais supprimer la carte de séjour, parce qu'elle est nocive. Je vais me battre pour que très bientôt cela soit fait. Je ne le dis pas pour vous faire plaisir ou parce que je suis à un meeting, mais parce que cela est la vérité.

 

Elle n'apporte rien dans les caisses de l'Etat. Mais ça induit la fabrication des fausses pièces d'identité et ça déséquilibre le processus d'identification. L'identification des étrangers peut se faire en accord avec leurs pays d'origine. " Telle est la substance de l'annonce Présidentielle qui semble faire couler beaucoup d'encre et de salive aujourd'hui. Cette décision qui a suscité un grand soulagement parmi la grande foule de ce jour constituée en majorité des ressortissants burkinabé, a quelque peu occasionné une polémique dans les rangs des adversaires politiques. Pour ces derniers qui mettent plutôt en avant la période pré-électorale que nous vivons actuellement, l'annonce du Chef de l'Etat est loin d'être innocente et respecte plutôt une logique électoraliste. Ils accusent le Président de la République, candidat à sa propre succession de vouloir mettre en avant la catégorisation pour avoir les faveurs de ces étrangers.

" Fausses analyses qui ne tiennent compte d'aucune logique politique, ni même électoraliste ", a commenté un observateur international de la vie politique ivoirienne. Car pour ce diplomate occidental, c'est désormais une réalité que les ressortissants étrangers ne sont en rien concernés par les élections en Côte d'Ivoire. A l'en croire, les arguments avancés par le Président Laurent Gbagbo pour justifier la suppression sont plus plausibles pour la simple raison que la carte de séjour qui avait été instituée sous le régime du Président Félix Houphouët-Boigny par son Premier ministre Alassane Dramane Ouattara en 1990, alors deuxième personnalité du PDCI-RDA au pouvoir, s'est finalement avéré le moyen et même la raison de pression, d'intimidation et de racket sur les populations étrangères vivant en Côte d'Ivoire. Si la carte de séjour avait été instituée pour renflouer les caisses de l'Etat à l'origine, elle ne donne presque rien dans les caisses de l'Etat, selon Laurent Gbagbo. Bien plus, la carte de séjour a énormément contribué à la détérioration des relations entre les Ivoiriens et les étrangers qui vivaient autrefois en bonne intelligence. On ne compte plus les nombreux abus perpétrés contre les étrangers et qui en sont à l'origine. Mais on ne peut compter, non plus, les nombreuses fraudes sur l'identité ivoirienne par les ressortissants étrangers qui veulent coûte que coûte vivre sur le sol ivoirien et qui, pour cela, exhument parfois des morts.

De ce qui précède, la suppression de la carte de séjour est incontestablement un acte de réparation d'une injustice et du tort à l'égard d'une population étrangère laborieuse qui aide la Côte d'Ivoire à construire patiemment son développement. Bien plus, elle donne un nouvel espoir de paix et de réconciliation à la Côte d'Ivoire qui a sombré dans la violence et la guerre. Plusieurs études et enquêtes internationales sur la tentative de coup d'Etat déclenchée le 19 septembre 2002 et qui s'est muée en rébellion armée, n'a pas pu se réaliser sans l'apport de certains pays et leurs ressortissants vivant en Côte d'Ivoire et qui ont pu apporter leur soutien indéniable aux dirigeants des mouvements rebelles à qui on n'hésitait pas à dérouler le tapis rouge, à établir des passeports diplomatiques et apporter des soutiens logistiques. Beaucoup de médias internationaux et d'analystes du dimanche ont souvent mis en exergue la xénophobie qui caractériserait le pouvoir d'Abidjan et les Ivoiriens. La rébellion avait dès lors justifié ses actes par ce fait, arguant de donner des papiers d'identité ivoirienne à tous ceux qui en avaient été spoliés.

Aujourd'hui, il faut saluer la justesse de la décision du Président de la République qui n'avait pas envie de s'arrêter à l'effet d'annonce. Alors que la décision continue de faire encore des vagues dans les états-majors politiques de ses adversaires, le Chef de l'Etat a décidé d'aller jusqu'au bout. Une ordonnance supprimant la carte de séjour a été signée le jeudi 08 novembre dernier en conseil des ministres. Cela règle définitivement un problème politique qui a longtemps détérioré les relations entre la Côte d'Ivoire, pays légendairement hospitalier et d'autres pays qui avaient fini par traiter nos dirigeants de xénophobes et d'ivoiritaires. Une page se tourne pour la Côte d'Ivoire et ses hôtes qui n'auront plus d'excuses à fabriquer de fausses pièces d'identité ivoirienne, par crainte des tracasseries policières. Mais comme le soutient le Président de la République, il serait plus logique que toute la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) s'y mette afin d'harmoniser sur la circulation des personnes et des biens et sur le séjour des ressortissants dans la sous-région. Ce sera à ce prix que l'Afrique de l'ouest qui s'est découvert une zone de turbulence et de guerres civiles depuis quelques années, pourra avancer dans la paix et la convivialité.

 

Encadré 1

Deux peuples, deux Chefs, des leçons !

Par un simple demi-tour de cheville, le Complexe sportif de Yopougon, le dimanche 28 octobre 2007, a produit un de ces prodigieux retournements de la vie. De l'histoire de deux peuples et de deux hommes, devrions-nous affirmer. Le Président de la République de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, est reçu en triomphe par des dizaines de milliers de Burkinabé. Nous disons bien " Burkinabé ". La ferveur et l'enthousiasme à recevoir et à toucher de près l'auguste invité, illustrent clairement la sincérité et le soulagement d'être sur la voie de quitter la maudite zone de turbulence.

Gbagbo n'aime pas avoir le visage fermé quand tout un peuple frère lui offre de passer le Blanco sur une mauvaise écriture de l'histoire siamoise du Faso et de l'Eburnie. L'écriture s'apprend et les ratures sont le propre des grands écrivains, des grands historiens. Raturer pour mieux peaufiner, en recherchant le mot juste, la phraséologie dépouillée de tout litige identitaire et/ou syntaxique dommageable.

Et le maître d'œuvre de ce rapprochement entre les deux peuples et les deux Présidents, s'appelle Emile Kima, chantre de l'Accord de Ouagadougou et prolongement de l'action idéologique du Président Blaise Compaoré, en Côte d'Ivoire. Ce qui ne vole pas la vedette au Représentant du Facilitateur, Boureima Badini, témoin heureux de l'événement. On comprend que même les pancartes indiquent que : " Gbagbo + Compaoré = même combat : celui du développer ". C'est vrai, le développement doit guider les Africains pour rattraper leur retard.

L'acte posé, sans incident, par les frères Burkinabé à Yopougon, est d'une valeur incommensurable. Décrispation nette entre deux peuples dont certains ressortissants continuaient encore, après la flamme de la paix, à se bouder ou à s'adresser une moue discrète. Top départ donc pour la vraie normalisation des relations entre Ivoiriens et Burkinabé. Car quelles fissures n'a-t-elle pas créée, cette crise passée, dans la culture, l'économie et la politique sur l'axe Abidjan-Ouagadougou, au cours de ces cinq années perdues ?

C'est pourquoi les autorités ivoiriennes, dans leur ensemble, ont pris la juste mesure de l'événement. Eux qui se sont massivement rendus à ce rendez-vous historique pour voir de quels secrets la vie noue et dénoue le parcours des hommes et des peuples. De Simone Gbagbo (Première Dame) à Pascal Affi N'Guessan (Président du FPI), en passant par des calibres tels Mamadou Koulibaly (Président de l'Assemblée nationale), Laurent Dona Fologo (Président du CES), Yanon Yapo (Président du Conseil constitutionnel), Youssouf Koné (Grand Chancelier de l'Ordre national), etc., tous étaient là, autour du chef de l'Etat.

Et quand devant ce beau monde, face à cette crème de la société, Laurent Gbagbo surprend l'opinion, en promettant la suppression de la mythique carte de séjour, on peut dire que c'est le summum de la reprise de la haute diplomatie entre Abidjan et Ouagadougou. Mais qu'a-t-il prévu en compensation du manque à gagner ? C'est quand même pour des raisons économiques que le régime du Président Houphouët Boigny avec son Premier ministre Alassane Dramane Ouattara l'avait instituée. Il répond : la fin de la fraude sur l'identité ivoirienne et l'amélioration de l'image de la Côte d'Ivoire dégradée à cause de cette carte de séjour. Vaut mieux perdre 4 milliards de nos francs pour gagner ces choses précieuses.

Et du coup, Laurent Gbagbo ne peut s'imaginer l'estocade portée, par ricochée, à des adversaires, calculatrice en main, qui tablaient sur les immigrés pour les porter au pouvoir. Alors, que de larmes silencieuses, que de sanglots discrets devraient les secouer ! Mais, ainsi va la vie.

Dès l'annonce du dialogue direct avec les tenants des armes, avec pour Facilitateur, le Président Blaise Compaoré, les ennemis de la paix devraient prendre conscience de leur ruine. Seulement la réconciliation de deux peuples et de leurs chefs prime toute autre considération. Grande et bonne leçon de la nature !

 

Encadré 2

Pour la construction des Etats-Unis d'Afrique

La carte de séjour, c'est fini ! C'est définitivement réglé pour les ressortissants de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao). Ils n'auront plus besoin de présenter cette pièce aux forces de l'ordre ou ailleurs pour justifier leur statut. Le Président de la République qui avait annoncé la suppression de ce document, a définitivement clos le débat sur la question en signant l'ordonnance le jeudi dernier, 8 novembre en conseil des ministres. Après avoir pris l'avis de la commission mise en place, la décision du Président Laurent Gbagbo est tombée. Et, avec cette décision particulièrement importante pour ''le retour à la normalité, au civisme et à la convivialité'', le Chef de l'Etat conduit son pays au rendez-vous de l'intégration et la cohésion dans la sous-région ouest-africaine. Toute chose qui est un grand pas dans la construction des Etats-Unis d'Afrique, cher au Guide de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, le colonel Mouammar Al Kadhafi, qui était en tournée africaine à cet effet et qui a foulé le sol ivoirien le 27 juin 2007. L'on sait que la construction de l'Afrique est l'objet de grands débats aujourd'hui et deux thèses s'affrontent : Celle qui veut la mise en place immédiate du rêve de Mouammar Kadhafi et qui plaide pour la constitution sans délai de l'Afrique. A l'opposé, il y a celle qui estime que la réalisation de l'Afrique doit commencer par la construction viable des entités sous-régionales. C'est à cette thèse que souscrit le Président Laurent Gbagbo qui pose ainsi des actes forts dans le sens de la cohésion. Souhaitons que son appel à ses homologues de la sous-région pour la circulation des personnes et des biens dans les différents pays, soit entendu. Car, c'est avec cette politique de réciprocité que l'intégration tant souhaitée pourra être une réalité. En Côte d'Ivoire, on peut déjà dire : Adieu la carte de séjour et vive la convivialité entre gens du même espace.

 

Petites Phrases

Laurent Gbagbo

(Président de la République)

 

" Beaucoup fantasment sur le pétrole et le gaz, mais la Côte d'Ivoire n'est ni le Nigéria, ni le Qatar et il faudra attendre jusqu'en 2009 pour voir l'accroissement de la production actuelle." (Centre emplisseur de Petro Ivoire, le 31 Oct. 07)

 

Guillaume Soro

(Premier ministre)

 

"Nous devons pouvoir régler nos problèmes nous-mêmes pour prendre en main notre développement et laissons tomber les rancunes et les rancœurs." (Meeting à Gagnoa le 20 Octobre 07)

 

Mgr Marie-Daniel Dadiet

(Archevêque de Korhogo)

 

"Notre souci majeur, c'est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire ne connaisse plus de coup d'Etat, ni de rébellion." (Interview à nord-Sud du 02 Nov. 07)

 

Youssouf Bakayoko

(Ministre ivoirien des Affaires étrangères)

 

"Aujourd'hui plus que jamais, l'Onu a besoin d'une réforme en profondeur et il y va de sa crédibilité, voire de sa survie." (Déclaration à Yamoussoukro le 31 Oct. 07)

 

Marcel Gossio

(DG Port Autonome d'Abidjan)

 

"Ce n'est pas le fait de dire aux gens de gérer leur affaire qui est dangereux, ce qui l'est par contre c'est le fait qu'il y ait peut-être entre les gestionnaires quelques malfrats." (Interview Le Matin du 2 Nov. 07)

 

Méité Sindou

(Porte-parole du Premier

ministre)

 

"Le rôle de la communauté internationale c'est d'accompagner l'accord et non de le précéder ou même de se substituer aux Ivoiriens." (Interview à Soir Info du 02 Nov. 07)

 

Alpha Blondy

(Artiste-musicien)

 

"Tout le monde connaît la délicatesse des élections en Afrique et il faut que les acteurs politiques pour une fois, accordent leurs violons pour donner un côté fair-play à la chose." (Interview Soir Info du 02 Nov. 07)

 

Stéphane Kipré

(Président de l'UNG)

 

"Au lieu de confiner la jeunesse à créer des brigades, les partis politiques gagneraient à dire aux jeunes que l'heure de l'entreprenariat a sonné." (Meeting à Yamoussoukro le 1er Nov. 07)

 

Tiken Jah

(Artiste-musicien)

 

" Je félicite Soro et Gbagbo pour avoir amené cette idée de réconciliation qui est en marche, je suis fier d'eux." (Interview Flash Afrik du 1er Nov. 07)

 
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